"Ministry of the President. Government of Spain, 6 December 2018", de source : http://www.lamoncloa.gob.es/multimedia/galeriasfotograficas/presidente/Paginas/2018/061218_congreso.aspx
Invoqué dans les médias, rétorqué entre femmes et hommes politiques, de quoi parle-t-on lorsqu’on invoque le populisme ? Le projet TrUMPo apporte un éclairage sur cette notion, grâce à l’analyse de l’utilisation des mots populismo, populismos, populista, populistas (ce sont les termes que regroupe « populis* ») au Congrès des députés (Congreso de los Diputados) en Espagne, pendant l’année 2019. Quand, comment et pourquoi les parlementaires et membres du gouvernement espagnol utilisent le terme populis* au sein de leur chambre basse ? Pour répondre à ces questions, nous passerons en revue les périodes d’utilisation de populis* ainsi que les partis qui y ont recours, le contexte parlementaire des occurrences, puis enfin les sens donnés au terme, leurs fonctions et les cibles qui y sont associées. Il faut préciser, avant de lire ces résultats, qu’il s’agit d’une analyse brute : elle ne prend pas en compte les temps de parole ni la longueur des interventions. La mise en majuscule de populis* dans les extraits est nôtre.
Les pics d’utilisation :
Au cours de l’année 2019, le terme populis* a été utilisé à 110 reprises au sein du Congrès des députés. La répartition par mois est restituée dans le graphique suivant :
Près de trois quarts des usages de populis* ont eu lieu en janvier et février. En février, mois avec le plus d’occurrences (43), l’emploi du mot est lié principalement au vote du budget général qui a été rejeté le 13 du mois par le congrès, entrainant des élections anticipées le 28 avril.
“Si es que le hemos visto firmando; hemos visto a un POPULISTA firmando en la Moncloa un acuerdo. Es usted el primer presidente que firma con un populista un acuerdo de Gobierno en la Moncloa. Le cedió usted todo el espacio; acuérdense de aquella foto de Sánchez detrás y el señor Iglesias firmando los presupuestos en la Moncloa.”
« Si nous l’avons vu signer ; nous avons vu un POPULISTE signer un accord dans la Moncloa. Vous êtes le premier président à signer un accord de gouvernement avec un populiste de la Moncloa. Vous lui avez donné tout l’espace ; souvenez-vous de cette photo de Sánchez derrière et de M. Iglesias signant les budgets dans la Moncloa. »
Alberto Carlos Rivera Díaz, député-chef du parti Ciudadanos, 12/02/2019.
Le reste de l’année 2019 est plutôt creux avec plusieurs mois sans occurrences, des creux qui pourraient être liés aux effets des dissolutions et élections législatives d’avril et de novembre. Le pic qui survient en septembre, relativement aux mois d’avant et d’après, porte sur des thématiques plus diversifiées mais notamment sur règlement du Congrès des députés ou la réforme des statuts d’autonomie de Murcie.
Qui parle de populis* ?
Les locuteurs :
Les 110 emplois du terme populis* proviennent de 61 personnes différentes. L’essentiel (39/61) de ces locuteurs ne l’ont utilisé qu’une fois, 13 personnes l’ont utilisé 2 fois, 5 personnes l’ont utilisé 4 fois, les 3 personnes restantes l’ont utilisé 6 fois ou plus. Ce top trois des utilisateurs compte en première place Carlos Rojas García (député Partido Popular) avec 10 utilisations, Alberto Carlos Rivera Díaz (chef de Ciudadanos) avec 9 usages puis Miguel Ángel Gutiérrez Vivas (député Ciudadanos) avec 6 fois.
Pour Carlos Rojas García, il s’agit pour moitié d’une intervention en plénière du 3 avril sur le thème de la protection sociale :
“Es como un árbol con las raíces muy débiles cuyos frutos nunca van a tener la apariencia que se anuncia. Hay que ver, como decía, que el POPULISMO de Podemos les llame buenistas económicos nos da una idea de en qué situación nos hallamos y qué clase de debate estamos teniendo, porque haciendo un breve análisis de lo que nos vamos encontrando vemos ejemplos muy concretos, como el establecimiento de la obligación a las empresas de registro del horario de trabajo.”
« C’est comme un arbre avec des racines très faibles dont les fruits n’auront jamais l’apparence annoncée. Il faut voir, comme je le disais, [le fait] que le POPULISME de Podemos les qualifie de soi-disant bienfaiteurs économiques nous donne une idée de la situation dans laquelle nous nous trouvons, et du type de débat que nous avons, parce qu’en faisant une brève analyse de ce avec quoi nous nous retrouvons, nous voyons des exemples très concrets, comme l’établissement de l’obligation pour les entreprises d’enregistrer les heures de travail ».
Carlos Rojas García, député Partido Popular, 3/04/2019.
Pour Alberto Carlos Rivera Díaz, l’essentiel (6/9) de ses interventions contenant populis* datent du 12/02 sur l’adoption du budget :
“Estamos hablando de España. Estamos hablando de lo que ustedes están pactando no para hoy, para tener escaños de los partidos separatistas y POPULISTAS y tener mayoría parlamentaria. ¿Por qué hay que ir a las urnas? Para echar a Sánchez.”
« Nous parlons de l’Espagne. Nous parlons de ce que vous êtes en train de conclure pas pour aujourd’hui, pour avoir des sièges des partis séparatistes et POPULISTES et avoir une majorité parlementaire. Pourquoi faut-il aller aux urnes ? Pour expulser Sanchez »
Alberto Carlos Rivera Díaz, chef du parti Ciudadanos, 12/02/2019.
Miguel Ángel Gutiérrez Vivas a utilisé populis* principalement dans des débats sur des questions de sécurité (pacte de Tolède, sécurité numérique) :
“Mire usted por donde, el señor Jové, con quien negocia el Partido Socialista el Gobierno de todos los españoles, usó datos de los catalanes para un censo digital que vulnera la legalidad, porque todos sabemos que el presidente Sánchez, si puede, elegirá siempre a POPULISTAS y nacionalistas como aliados. Pero los españoles no pueden seguir dependiendo de quienes quieren romper España, señorías.”
« Regardez, M. Jové, avec qui le Parti socialiste négocie le gouvernement de tous les Espagnols : il a utilisé les données des Catalans pour un recensement numérique qui viole la légalité, parce que nous savons tous que le président [du gouvernement] Sánchez, s’il le peut, choisira toujours des POPULISTES et nationalistes comme alliés. Mais les Espagnols ne peuvent pas continuer à dépendre de ceux qui veulent démanteler l’Espagne, Mesdames et Messieurs les Députés. »
Miguel Ángel Gutiérrez Vivas, député Ciudadanos, 27/11/2019.
Les partis :
Nous nous sommes intéressés aux partis de rattachement des locuteurs de populis* au Congrès des députés et nous restituons le décompte dans le tableau suivant :
Ciudadanos (44) et le Partido Popular (PP) (34) représentent plus de la moitié des locuteurs, loin devant les autres partis. Les trois personnes utilisant le plus populis* provenaient également de ces partis. Ils sont suivis par le PSOE (15) et Podemos (4). Ce résultat ne correspond pas à la répartition du congrès des députés : le PSOE remportait le plus de sièges aux élections d’avril et novembre, mais ne figure que troisième dans le classement des locuteurs. Le PP était le second ayant le plus de sièges et figure effectivement en deuxième place pour les locuteurs. Surtout, Cuidadanos est le parti qui a prononcé le plus populis* en n’étant que le 3ème (en avril) ou 5ème (en novembre) mieux élu. Nous avions observé un résultat similaire en analysant les tweets des partis politiques espagnols pendant les campagnes électorales de la même année. L’opposition de droite et du centre l’a plus utilisé que les partis de gauche au congrès en 2019.
Le contexte parlementaire :
Le mot populis* a été prononcé principalement en séances plénières (72), sinon en commissions (32) ou en communications écrites (6). Il s’agit presque toujours (104/110) d’interventions orales préparées. Dans les autres cas, l’emploi survient lors d’un droit de réponse ou une question orale.
L’objet de populis* :
Nous nous sommes intéressés à la réalité, l’objet pour lequel les locuteurs ont attribué la qualification de populis*, et l’avons classé dans plusieurs catégories. Pour 36 cas, l’objet du mot populis* fut un groupe défini, pour 18 une action ou un évènement, 9 un groupe indéfini, 7 des individus nommés. Dans les cas restants (40), l’objet n’a pas pu être identifié (2), ou bien le mot a été utilisé de façon auto-référentielle (38), c’est-à-dire que le discours et l’usage du mot ne se réfèrent qu’à lui-même. Nous restituons quelques illustrations des objets de populis* :
Exemple d’utilisation auto-référentielle : “Lo que ocurre es que ha llegado el populismo, señorías, y ha llegado con sus pócimas y con sus bálsamos mágicos, y al POPULISMO se le hace frente con los hechos.”
« Ce qui se passe, c’est que le populisme est arrivé, Mesdames et Messieurs les Députés, et il est arrivé avec ses potions et ses baumes magiques, et on fait face au POPULISME avec des faits. »
Carlos Rojas García, député Partido Popular, 10/09/2019.
Exemple désignant une personne (Pablo Iglesias) : “Señor Marlaska, lo visto durante estos meses y días pasados nunca había sucedido en la historia democrática de España. Nunca unos presupuestos se habían negociado en una cárcel, en un vis a vis entre un POPULISTA y un acusado por rebelión,porque, ¿qué otra cosa negociaron en su vis a vis el señor Pablo Iglesias y el señor Junqueras, señor Marlaska? ¿Usted cree que negociaron el sablazo de los autónomos? Yo creo que no.”
« Monsieur Marlaska, ce que nous avons vu au cours des derniers mois et des derniers jours ne s’était jamais produit dans l’histoire démocratique de l’Espagne. Jamais auparavant des budgets n’avaient été négociés dans une prison, dans un vis-à-vis entre un POPULISTE et une personne accusée de rébellion, car qu’est-ce que M. Pablo Iglesias et M. Junqueras, ont négocié d’autre, M. Marlaska? Pensez-vous qu’ils ont négocié le sabotage des travailleurs indépendants ? Je ne pense pas »
Miguel Ángel Gutiérrez Vivas, député Ciudadanos 21/02/2019.
Exemple désignant un groupe indéfini (certains partis de la chambre) : “Señor Espinosa de los Monteros, la verdad es que si usted quiere hacer una competición de populismo tiene dentro de la Cámara grupos parlamentarios que desde luego vienen haciendo gala de ese POPULISMO desde que llegaron a estas instituciones. No me gustaría que fuera su caso, pero desde luego su exposición de hace unos minutos apunta en ese sentido. Este es el peor populismo que se puede hacer.”
« Monsieur Espinosa de los Monteros, la vérité est que si vous voulez organiser un concours de populisme, vous avez des groupes parlementaires dans l’hémicycle qui ont certainement fait preuve de ce POPULISME depuis qu’ils sont arrivés dans ces institutions. Je ne voudrais pas que ce soit le cas pour vous, mais votre déclaration d’il y a quelques minutes va certainement dans cette direction. C’est le pire populisme que l’on puisse faire. »
Miguel Ángel Gutiérrez Vivas, député Ciudadanos, 10/09/2019.
Le sens donné à populis*
La totalité des utilisations ne questionne pas le sens du terme populis*. Par ailleurs, la quasi-totalité des utilisations revêt un caractère négatif (107/110), les cas à connotation uniquement positive sont absents. Dans les 3 cas restants, la tonalité était impossible à identifier ou négative-ironique.
Illustration d’une utilisation négative : “Sin duda, debemos hacerlo conjuntamente para evitar que los POPULISMOS campen a sus anchas, que es lo que está ocurriendo en otros países de la Unión Europea.”
« Il ne fait aucun doute que nous devons le faire ensemble pour éviter que les POPULISMES n’agissent à leur guise, comme cela se passe dans d’autres pays de l’Union européenne. »
José Cano Fuster, député Ciudadanos, 19/02/2019.
Exemple d’utilisation négative-ironique : “¿De verdad creen que pueden mentir y que nadie se entere? A bajar impuestos, como proponemos en el Partido Popular, lo llaman POPULISMO fiscal, pero a contar los años de trece meses, inventar los ingresos y no los gastos, ¿cómo le llamamos? ¿Desvergüenza? En los gastos más de lo mismo, mentiras y mantras que se desmontan fácilmente.”
« Pensez-vous vraiment que vous pouvez mentir et que personne ne le saura ? Baisser les impôts, comme nous le proposons au Partido Popular, vous l’appelez du POPULISME fiscal, mais compter les années de treize mois, inventer des revenus et non des dépenses, comment l’appelle-t-on ? Une effronterie ? Sur les dépenses, toujours la même chose, des mensonges et des mantras qui se démontent facilement. »
Víctor Valentín Píriz Maya, député Partido Poipular, 29/01/2019.
Les champs conceptuels dominants, c’est-à-dire le contexte et les mots associés au populisme, sont le nationalisme (42/110), la démagogie (24) et le complotisme/mensonge (21), mais ils se combinent avec d’autres dans certaines occurrences (un même usage de populis* peut renvoyer à la fois au nationalisme et à l’extrémisme, par exemple). Il y a 26 cas pour lesquels nous ne sommes pas parvenus à associer de champ conceptuel, souvent en raison du manque de contexte. Le tableau ci-dessous offre des illustrations de notre codage :
Champ conceptuel | Exemple |
Nationaliste (42) | “El ministro podría comparecer e informar sobre el incremento espectacular de la inseguridad en una parte del territorio nacional como es Barcelona, donde POPULISTAS e independentistas están llevando al desprestigio internacional acelerado a una ciudad a raíz del incremento de la delincuencia.” « Le ministre pourrait comparaitre et rendre compte de l’augmentation spectaculaire de l’insécurité dans une partie du territoire national comme Barcelone, où les POPULISTES et indépendantistes conduisent à l’accélération du discrédit international d’une ville en raison de l’augmentation de la criminalité. »
Joan Mesquida Ferrando, député Ciudadanos, 27/08/2019. |
Démagogique (24) | “aquí tenemos una aritmética que va a hacer muy diferente la forma de gobernar de los anteriores gobiernos, sobre todo en el Ministerio de Transición Ecológica, y es la aritmética parlamentaria en la que vamos a tener -y hay que decirlo así- enfrente al Partido Popular y a Ciudadanos haciendo bastante POPULISMO climático.” « Nous avons ici une arithmétique qui va rendre la manière de gouverner très différente des gouvernements précédents, en particulier au ministère de la Transition écologique, et c’est l’arithmétique parlementaire dans laquelle nous allons avoir en face- et il faut le dire ainsi - le Parti populaire et Ciudadanos faisant beaucoup de POPULISME climatique. »
Josep Vendrell Gardeñes, député Iniciativa per Catalunya Verds, 31/01/2019. |
Complotiste/mensonger (21) | “señor Rivera, que es algo de lo que a usted nunca le gusta hablar, a usted solamente le gusta hablar de aquellas cuestiones que, según usted, le pueden plantear algún tipo de discurso en términos POPULISTAS y sin embargo realmente no quiere hablar de los problemas de los ciudadanos. A mí me gustaría que en esta segunda intervención, señor Rivera, si usted lo tiene a bien, después de haber escuchado en la primera el descubrimiento y la desnudez de todas las mentiras que ustedes han dicho hasta llegar a este debate de presupuestos, usted al menos hablara de las pensiones, de los jóvenes, de las mujeres y de todo aquello que nos permite construir país, ser país y hacernos una sociedad más justa y más importante.” « Monsieur Rivera, c’est quelque chose dont vous n’aimez jamais parler, vous n’aimez parler que des questions qui, selon vous, peuvent vous être présentées dans une sorte de discours en termes POPULISTES et pourtant vous ne voulez vraiment pas parler des problèmes des citoyens. J'aimerais que dans ce deuxième discours, Monsieur Rivera, si vous voulez bien, après avoir écouté dans le premier la découverte et la mise à nu de tous les mensonges que vous avez proférés jusqu'à ce débat budgétaire, vous parliez au moins des retraites, des jeunes, des femmes et de tout ce qui nous permet de construire un pays, d’être un pays et de nous faire une société plus juste et plus forte. »
María Jesús Montero Cuadrado, Ministre des finances, 12/02/2019. |
Extrémiste (16) | “Hemos asistido a aspavientos y a sobreactuaciones por parte de algunos de los grupos de la oposición. Creo que detrás de ello hay un interés muy claro y es que no se haga política, que los ciudadanos y ciudadanas de este país profundicen en ese desapego y en la desafección, un camino, señorías, muy peligroso que solo abre las puertas a los extremismos y a los POPULISMOS como ya hemos visto en otros países.” « Nous avons vu beaucoup d’agitation et d’exagération de la part de certains groupes de l’opposition. Je crois qu’il y a derrière cela un objectif très clair, c’est que la politique ne soit pas menée, que les citoyens et citoyennes de ce pays approfondissent ce détachement et cette désaffection, une voie très dangereuse, Mesdames et Messieurs les Député.es, qui ne fait qu’ouvrir les portes à l’extrémisme et aux POPULISMES, comme nous l’avons déjà vu dans d’autres pays. »
María Jesús Montero Cuadrado, ministre des finances, 13/02/2019. |
Autocratique (6) | “La decisión de acoger al Aquarius la entendemos necesaria por razones humanitarias, pero no se tomó de manera comunitaria sino de manera unilateral. Esto llevó al sonrojo de España, a que nos tiraran de las orejas distintos líderes europeos y a que esta decisión solo fuese aplaudida por el Gobierno nacional POPULISTA, lo cual nos tiene que hacer pensar.” « Nous comprenons que la décision d'accueillir l'Aquarius était nécessaire pour des raisons humanitaires, mais elle a été prise unilatéralement, et non par l'UE. Cela a conduit à l'embarras de l'Espagne, à ce que plusieurs dirigeants européens nous tirent les oreilles et à ce que cette décision ne soit applaudie que par le gouvernement national POPULISTE, ce qui devrait nous amener à réfléchir. »
Melisa Rodríguez Hernández, députée Ciudadanos, 28/01/2019. |
Anti-élite (2) | “El razonamiento era lógico: si los políticos, a través del Consejo General del Poder Judicial, influyen en el nombramiento de determinados jueces y esos jueces son los que van a tener que juzgar a los corruptos, es normal que surja cierta sospecha. Por eso la combinación de corrupción y colonización política del Poder Judicial contribuye a la desafección de los ciudadanos hacia los políticos, lo que a su vez es caldo de cultivo idóneo para los POPULISMOS.” « Le raisonnement était logique : si les politiciens, par l’intermédiaire du Conseil général de la magistrature, influencent la nomination de certains juges et que ce sont ces juges qui vont devoir juger les corrompus, il est normal qu’une certaine suspicion surgisse. C’est pourquoi la combinaison de la corruption et de la colonisation politique du pouvoir judiciaire contribue à la désaffection des citoyens à l’égard des politiciens, qui à son tour est un terreau idéal pour le POPULISME. »
Fernando Navarro Fernández-Rodríguez, député Ciudadanos, 19/02/2019. |
Tradition (1) | “Se ha hablado del entorno internacional. Tenemos a Trump -que, por ciento, coincide en muchas políticas con sus socios en el ámbito del proteccionismo-, tenemos el brexit, tenemos a POPULISTAS en toda Europa, tenemos a un Gobierno que esuna bomba de relojería en Italia...” « On a parlé de l’environnement international. Nous avons Trump – qui, par centaines [sic], s’accorde sur de nombreuses politiques avec ses partenaires dans le domaine du protectionnisme – nous avons le Brexit, nous avons des POPULISTES dans toute l’Europe, nous avons un gouvernement qui est une bombe à retardement en Italie... » Antonio Roldán Monés, député Ciudadanos, 20/02/2019. |
L’on remarque que les champs extrémiste (16), autocratiques (6), anti-élite (2) et tradition (1) sont les moins représentés. Nos catégories de champs conceptuels « fondé sur le peuple » et « populaire » sont absents de cette sélection, comme c’était le cas pour le parlement en Belgique.
Fonction associée à l’utilisation de populis*
En ce qui concerne la fonction du terme, la critique d’une personne ou d’un groupe domine notre corpus avec 66 sur 110. S’en suit le fait d’émettre une préoccupation (14), la critique d’un acte isolé (12), la légitimation par opposition (11), la dénégation (6) et la description (3) (certaines occurrences remplissant plus d’une fonction).
Exemple d’utilisation pour exprimer une préoccupation : "Por último, hablaba de las elecciones europeas, trascendentales, así es. De hecho, nuestro grupo ha presentado una iniciativa parlamentaria, donde lo que busca -como antes decía también el señor Maura- es el impulso de los valores de la Unión Europea en un momento donde el afloramiento de fuerzas políticas extremas, POPULISMOS y nacionalismos excluyentes, ponen en duda lo que es el espacio común de derechos y libertades que representa la Unión Europea."
« Enfin, je parlais des élections européennes, qui sont capitales, c’est vrai. En fait, notre groupe a présenté une initiative parlementaire dans laquelle il cherche - comme l’a également dit M. Maura tout à l’heure - à promouvoir les valeurs de l’Union européenne à un moment où l’émergence de forces politiques extrêmes, les POPULISMES et les nationalismes d’exclusion, remettent en question ce qu’est l’espace commun des droits et libertés que représente l’Union européenne. »
Antonio Gutiérrez Limones, député PSOE, 07/02/2019.
Exemple d’utilisation pour une légitimation par opposition : “Queda mucho por hacer tras siete años de Gobierno del Partido Popular, pero se avanza de forma clara en recuperar derechos sociales fundamentales para nuestra vida cotidiana : la educación, la sanidad, la vivienda, la cultura, las pensiones y la dependencia. En tiempos de desafección de la ciudadanía ante los efectos negativos de la crisis económica entre los más vulnerables, las clases medias y trabajadoras, y el aumento de la desigualdad, la sensibilidad de la acción pública plasmada en los presupuestos y sus efectos de redistribución de rentas y riqueza se convierte en una acción decisiva contra POPULISMOS y en radicalismos ideológicos.”
« Il reste encore beaucoup à faire après sept ans de gouvernement du Partido Popular, mais des progrès évidents ont été accomplis dans le recouvrement des droits sociaux fondamentaux pour notre vie quotidienne : éducation, santé, logement, culture, retraites et dépendance. En période de désaffection des citoyens face aux effets négatifs de la crise économique sur les plus vulnérables, les classes moyennes et populaires, et à l’accroissement des inégalités, la sensibilité de l’action publique incarnée dans les budgets et ses effets sur la redistribution des revenus et des richesses devient une action décisive contre les POPULISMES et en radicalismes idéologiques. »
José Javier Lasarte Iribarren, député PSOE, 29/01/2019.
Exemple de dénégation : “ Es una pregunta que se realizó el 27 de febrero de 2018. No busca POPULISMO ni busca efectismo ni nada parecido, tiene más bien un carácter técnico. La pregunta es si dispone el Gobierno de datos actualizados del número de pozos irregulares que existen en nuestro país y si dispone el Gobierno de datos actualizados de cuántos hectómetros cúbicos de agua suponen estos pozos irregulares.”
« Cette question a été posée le 27 février 2018. Elle ne cherche pas le POPULISME ou le sensationnalisme ou quoi que ce soit de ce genre, il s'agit plutôt d'une question technique. La question est de savoir si le gouvernement dispose de données actualisées sur le nombre de puits irréguliers qui existent dans notre pays et si le gouvernement dispose de données actualisées sur le nombre d'hectomètres cubes d'eau que ces puits irréguliers représentent »
José Luis Martínez González, député Ciudadanos, 20/02/2019.
Les cibles de populis*
Pour finir notre tour d’horizon, nous avons identifié la cible du mot populis* dans les interventions au Congrès des députés. Dans le tableau qui suit, nous présentons les personnes ou groupes qui ont été ciblés plus d’une fois au congrès. Les cibles sont retranscrites telles que mentionnées dans le texte ; ainsi « Vox » ne comptabilise que les fois où « Vox » (le parti) est nommé, non pas toutes les fois où un membre de Vox a été désigné.
Pedro Sanchez, son gouvernement et son parti figurent en tête des cibles du mot populis*. Pedro Sanchez est par ailleurs la seule personnalité à avoir été nommée personnellement parmi ces résultats. Ce résultat peut être corrélé avec le nombre de locuteurs de populis*, puisque ce sont principalement les partis de l’opposition qui l’ont utilisé, Ciudadanos et le Partido Popular. Ces derniers sont par ailleurs peu nommés, ainsi que Vox et Podemos.
Pour conclure :
Ces analyses de l’utilisation du terme populis* nous offrent une vision générale de son usage au sein du Congrès des députés d’Espagne en 2019. On peut en retenir que les partis d’opposition Ciudadanos et le Partido Popular sont les principaux utilisateurs de populis*, Carlos Rojas García, Alberto Carlos Rivera Díaz et Miguel Ángel Gutiérrez Vivas en tête. Le sens du mot n’est pas remis en question, il est toujours négatif. Les champs conceptuels qui y sont le plus associés sont le nationalisme, la démagogie et le complotisme, et la fonction du mot est pour la moitié du corpus de critiquer une personne ou un groupe. Lorsque nous avons pu identifier la cible de ce mot, il s’agissait principalement de Pedro Sanchez, son gouvernement et le PSOE, ce qui est en lien avec l’identité des principaux locuteurs : les partis d’opposition, dans un contexte espagnol en 2019 où surviennent deux dissolutions de l’assemblée et des élections législatives anticipées (vous pourrez voir à ce sujet notre article de blog sur les tweets des partis espagnols pendant les campagnes électorales de 2019).
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