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L’utilisation du terme populis* dans la presse espagnole en 2019

Crédits photo : European People’s Party, “EPP CONVENTION ON CLIMATE CHANGE IN MADRID (6-7 FEBRUARY 2008)”, URL : https://www.flickr.com/photos/45198836@N04/


Invoqué dans les médias, rétorqué entre femmes et hommes politiques, de quoi parle-t-on lorsqu’on mobilise le terme de populisme ? Grâce à ses nombreuses données récoltées, le projet TrUMPo apporte un éclairage sur l’utilisation des mots populismo, populismos, populista, populistas (c’est ce que regroupe « populis* ») dans la presse en Espagne en 2019. Quand, comment et pourquoi les journalistes et leurs invité⸱e⸱s utilisent le terme populis* dans la presse ? Pour répondre à ces questions, nous avons sélectionné 521 occurrences de quatre sources de presse nationale : un quotidien de référence (El País), la presse publique (RTVE), un quotidien populaire (El Español) et un gratuit (20 Minutos).

Nous passerons en revue l’utilisation de populis* mois après mois, ainsi que leurs locuteurs⸱rices, les sens donnés au terme, les champs conceptuels qui y sont associés ainsi que les cibles qu’il vise. Il faut préciser avant de découvrir ces résultats qu’il s’agit d’une analyse brute : nous ne prenons pas en compte dans ce corpus le nombre et la longueur de chaque intervention. Les occurrences de populis* sont mises en majuscules de notre fait.

  

L’utilisation de populis* par mois :


Le graphique ci-dessous restitue le nombre d’occurrences que nous avons recensé par mois :


Parmi notre échantillon, nous identifions deux moments principaux d’utilisation : d’abord janvier-février, notamment autour de la date du 23 janvier (6 utilisations). Les thèmes ce jour-ci sont diffus, mais il s’agissait essentiellement de questions internationales : le forum de Davos et les élections européennes à venir. Un exemple pour ce jour-là :

Augusto Santos Silva: El caos del Brexit sería terrible. Entrevista con el ministro de Exteriores de Portugal, Augusto Santos Silva, con el que hablamos del Brexit, de la ultraderecha, POPULISMOS, o las elecciones europeas, entre otros asuntos.”

« Augusto Santos Silva : le chaos du Brexit serait terrible. Entretien avec le ministre des affaires étrangères du Portugal, Augusto Santos Silva, avec qui nous parlons du Brexit, de l’extrême droite, des POPULISMES ou des élections européennes, entre autres. »

RTVE, 23/01/2019.

 

Ensuite, on note beaucoup d’utilisations en avril-mai-juin ; il y a un pic en mai 2019 (77 utilisations), autour notamment de 3 journées à 6 utilisations, celles du 22, 24 et 26 mai, pour commenter les élections européennes. En voici un exemple :

“El presidente del Gobierno ha sido invitado a cenar esta noche en París por el presidente francés, Emmanuel Macron, aliado de Ciudadanos en Europa, para tratar de llegar a un pacto sobre la nueva legislatura. Por su parte, la derecha radical POPULISTA -impulsada por la Agrupación Nacional de Marine Le Pen y La Liga de Matteo Salvini, así como por el partido del Brexit de Nigel Farage- sube una veintena de asientos y controlará hasta el 23% de los escaños.”

« Le président du gouvernement a été invité à dîner ce soir à Paris par le président français, Emmanuel Macron, allié de Ciudadanos en Europe, pour tenter de parvenir à un accord sur la nouvelle législature. De son côté, la droite radicale POPULISTE - portée par le Rassemblement National de Marine Le Pen et la Ligue de Matteo Salvini, ainsi que par le parti du Brexit de Nigel Farage – a gagné une vingtaine de sièges et contrôlera jusqu'à 23 % des sièges. »

Juan Sanhermelando, El Español, 26/05/2019.

 

Qui prononce populis* ?


L’utilisation du terme populis* provient pour plus de la moitié des journalistes ou des agences elles-mêmes (291/521). Ce sont ensuite les personnalités politiques (96) et les experts⸱es (75) que l’on retrouve le plus, et, dans une bien moindre mesure, des chroniqueurs⸱euses (32) et des personnalités non politiques (7) (les 20 locuteurs restants étaient inclassables dans ces catégories). Nous avons restitué dans le tableau ci-dessous les locuteurs⸱rices les plus représenté⸱e⸱s (5 utilisations ou plus de populis*) :


Conformément à ce que nous avons constaté pour les données parlementaires en Espagne, Ciudadanos et le Partido Popular sont les partis qui ont le plus utilisé populis* : ce sont leurs présidents que nous retrouvons en tête de ce classement. On retrouve en troisième position un autre député Ciudadanos, et Manuel Valls, essentiellement dans sa campagne aux élections municipales de Barcelone. Si l’on regarde les partis les plus représentés parmi les locuteurs, on retrouve en première position Ciudadanos avec 25 occurrences, puis le PSOE (14), le Partido Popular (13) et Barcelona pel Canvi (6), parti de Manuel Valls dans lequel il est le seul à avoir utilisé populis*.

Quant aux journalistes, les principaux locuteurs⸱rices l’ont utilisé de leur propre fait : les verbatims et discours rapportés sont très rares dans leurs occurrences. Les principales⸱aux journalistes du classement viennent d’El País et d’El Español. Cela peut s’expliquer par la répartition des occurrences dans notre corpus : 307 occurrences pour El País, 163 pour El Español, 32 pour 20 Minutos, 19 pour RTVE. Nous proposons de revenir sur les 4 journalistes qui l’ont le plus utilisé avec un exemple de notre corpus : Marc Bassets, journaliste pour El País, commente la vie politique française et cible surtout l’extrême droite française.

“¿Qué queda de Chirac? Su familia política, una amplia coalición de matriz gaullista, que iba desde el centro reformista y social hasta la derecha dura, es hoy un paisaje en ruinas, sin líder ni programa. El auge de los POPULISTAS ha desplazado la idea de popularidad a otra dimensión: la de la pura manipulación emocional. Los políticos novatos, como Emmanuel Macron, observan con envidia la capacidad de aquellos profesionales para conectar con los votantes.”

« Que reste-t-il de Chirac ? Sa famille politique, une large coalition de matrice gaulliste, allant du centre réformateur et social à la droite dure, est aujourd'hui un paysage en ruine, sans leader ni programme. La montée des POPULISTES a fait basculer l'idée de popularité dans une autre dimension : celle de la pure manipulation émotionnelle. Les politiciens novices, comme Emmanuel Macron, regardent avec envie la capacité de ces professionnels à entrer en contact avec les électeurs. »

Marc Bassets, El País, 26/09/2019.

 

Lluís Bassets commente l’actualité internationale et ciblait principalement des dirigeants étrangers comme Trump ou Salvini :

“Lo fueron varios presidentes antes de la guerra civil, y el mayor, su admirado Andrew Jackson, cuyo retrato preside el despacho Oval desde 2017. No tan solo racistas, sino también esclavistas, y en el caso de Jackson (1829-1837), POPULISTA, nacionalista, supremacista blanco y exterminador de indígenas, acertadamente elegido por Trump como emblema de su presidencia. Jackson era un racista en un país esclavista y en una época racista. La época de Trump no es racista, al contrario.”

« Il en fut de même pour plusieurs présidents avant la guerre de Sécession, et pour le plus grand d'entre eux, son admirateur Andrew Jackson, dont le portrait préside le bureau ovale depuis 2017. Non seulement des racistes, mais aussi des esclavagistes, et dans le cas de Jackson (1829-1837), un POPULISTE, un nationaliste, un suprémaciste blanc et un exterminateur d'Indiens, judicieusement choisi par Trump comme emblème de sa présidence. Jackson était un raciste dans un pays esclavagiste et à une époque raciste. »

Lluís Bassets, El País, 17/07/2019.

 

Cristian Campos, journaliste pour El Español, a surtout commenté les élections législatives lorsqu’il a utilisé populis*, et ciblait le PSOE, Podemos ou des partis régionaux :

“En España hay dos partidos perfectamente democráticos con los que pactar y una pléyade de partidos de los que huir como alma que lleva el diablo. Que populistas y nacionalistas no son, en fin, una maldición gitana inescapable para PSOE, PP y Cs. Los POPULISTAS y las formaciones nacionalistas son partidos que bailan sobre la misma raya que separa la democracia de otro tipo de sistemas de Gobierno.”

« En Espagne, il y a deux partis parfaitement démocratiques avec lesquels conclure un accord et il y a une pléthore de partis à fuir à toute vitesse. Les populistes et les nationalistes ne sont pas, en somme, une malédiction gitane inéluctable pour le PSOE, le PP et Ciudadanos. Les POPULISTES et les formations nationalistes sont des partis qui dansent sur la même ligne qui sépare la démocratie des autres types de systèmes de gouvernement. »

Cristian Campos, El Español, 03/05/2019.

 

Enfin, Naiara Galarraga Gortázar commente l’actualité américaine et utilise populis* à propos de Trump, et notamment de Bolsonaro dont il est question dans cet extrait :

“Pero la economía sigue sin despegar mientras la oposición está desaparecida y el presidente se empeña en erosionar la credibilidad de la prensa o de las propias instituciones del Estado. El nacional POPULISTA se estrenó con un enorme capital político gracias a su contundente victoria y a la enorme confianza de los mercados. Pero lo ha dilapidado hasta convertirse en el presidente peor valorado en el primer trimestre, según Datafolha.”

« Mais l'économie n'a pas encore décollé, l'opposition a disparu et le président est déterminé à éroder la crédibilité de la presse et des institutions de l'État elles-mêmes. Le national-POPULISTE a démarré avec un énorme capital politique grâce à sa victoire éclatante et à l'énorme confiance des marchés. Mais il l'a dilapidé au point de devenir le président le plus mal noté du premier trimestre, selon Datafolha. »

Naiara Galarraga Gortázar, El País, 13/04/2019

 

Le sens du mot :


La majorité des utilisations ne questionnent ni ne définissent le terme populis*. Dans 185 cas, le sens du mot populis* est développé, débattu. Par exemple :

“Para Abascal, el de Albert Rivera "es un partido de diseño, que olfatea qué creen las encuestas. Eso sí que es POPULISMO. Nosotros lo decimos todo, no escondemos nada".”

« Pour Abascal, le parti d'Albert Rivera "est un parti qui renifle ce que croient les sondages. C'est cela, du POPULISME. Nous, nous disons tout, nous ne cachons rien". »

Santiago Abascal Conde, président du parti Vox, 06/04/2019.

 

Près de la moitié (254/521) des utilisations du terme populis* sont auto-référentielles, ce qui signifie que le mot est utilisé en tant qu’objet du discours : il ne vise ni quelqu’un, ni quelque chose en particulier.

Exemple d’utilisation auto-référentielle : “De hecho los resultados de las elecciones locales de 2017 muestran que el voto a los POPULISTAS se reparte por el interior del país.”

« De fait, les résultats des élections locales de 2017 montrent que le vote envers les POPULISTES se répartit à l'intérieur du pays. »

Belén Domínguez Cebrián, El País, 01/03/2019.

 

Quand nous avons pu identifier l’objet du discours (en dehors de ces usages auto-référentiels), populis* désigne un groupe défini (82), un groupe indéfini (76), des individus nommés (52), ou enfin une action ou un évènement (51).

Exemple à visée d’un groupe défini, Podemos : “No en vano circulaban rumores fundamentados de que Manuel Valls, candidato de la plataforma que incluía Ciudadanos, estaba dispuesto a ceder tres votos sin contrapartida para hacer realidad la tesis del mal menor: mejor la "izquierda POPULISTA", en sus propias palabras, coligada con los socialistas, que un independentista. Los tres votos de Valls, junto a los ocho de los socialistas y a los 10 de Barcelona en Comú permitían que Colau fuera elegida alcaldesa por mayoría absoluta en primera.”

« Ce n'est pas pour rien que des rumeurs fondées ont circulé selon lesquelles Manuel Valls, candidat de la plateforme incluant Ciudadanos, était prêt à céder trois voix sans contrepartie afin de concrétiser la thèse du moindre mal : mieux vaut la "gauche POPULISTE", selon ses propres termes, associée aux socialistes, qu'un candidat indépendantiste. Les trois voix de Valls, ajoutées aux huit des socialistes et aux dix de Barcelona en Comú, ont permis à Colau d'être élu maire avec une majorité absolue au premier tour. »

Francesc Valls, El País, 16/06/2019.

 

Exemple à visée d’un groupe indéfini, l’extrême droite allemande : “Porque el caso Relotius se produce cuando las fuerzas POPULISTAS luchan por desacreditar a los medios tradicionales. La extrema derecha alemana se frota las manos ante un caso que considera la prueba última de que los medios son poco menos que fábricas de fake news.”

« Car l'affaire Relotius intervient à un moment où les forces POPULISTES se battent pour discréditer les médias traditionnels. L'extrême droite allemande se frotte les mains face à une affaire qu'elle considère comme la preuve ultime que les médias ne sont guère plus que des usines à fake news. »

Ana Carbajosa, El País, 12/02/2019

 

Exemple à visée d’une action : “Desde un enfoque político, desde el posibilismo utilitarista, la defensa del pacto a favor de la alcaldesa se abre paso como la vía más racional entre quienes hasta ahora la han combatido por su POPULISMO y sus simpatías soberanistas.”

« D'un point de vue politique, d'un point de vue utilitariste, la défense du pacte en faveur de la maire fait son chemin comme la voie la plus rationnelle pour ceux qui jusqu'à présent l'ont combattue pour son POPULISME et ses sympathies souverainistes. »

Pedro Gómez Carrizo, El Español, 14/06/2019.

 

La grande majorité des utilisations de populis* revêtent un caractère négatif : 421/521, nous l’avons illustré au cours des exemples précédents. Les cas à connotation positive sont au nombre de 11, en voici un exemple :

Exemple d’utilisation à connotation positive : “El orgullo de Grecia parecía encarnarse en los guiños POPULISTAS de su joven presidente, un envalentonado Tsipras, con su referéndum bajo el brazo, que cuestionaba la "extraordinariamente generosa" oferta de la Troika -Merkel dixit-, en realidad, un tramposo icono de la tecnocracia comunitaria, que acabó sustituyéndolo por un nuevo plan de rescate que imponía restricciones todavía más duras.” 

« La fierté de la Grèce semblait s'incarner dans les clins d'œil POPULISTES de son jeune président, un Tsipras enhardi, son référendum sous le bras, qui remettait en cause l'offre "extraordinairement généreuse" de la Troïka -Merkel dixit-, en réalité une icône tricheuse de la technocratie européenne, qui a fini par le remplacer par un nouveau plan de sauvetage qui imposait des restrictions encore plus dures. »

Máriam Martínez-Bascuñán, El País, 19/01/2019.

           

Nous avons aussi recensé 4 cas neutres, 3 cas ambivalents, et 2 cas ironiques : l’un positif l’autre négatif.

 

Exemple neutre, dans l’interview de Antonio Tajani : “[…] pero admite que "en la UE falta proyecto"; es de centro derecha, pero tiene una calle en Gijón por impulso de Comisiones Obreras; está frustrado con el Gobierno POPULISTA de Italia, si bien no lo critica, sólo pide que "no hagan más tonterías"; aunque sobre todo, lidera en Europa la lucha por la democracia en Venezuela y se dejó la voz defendiendo la unidad de España frente al desafío separatista...”

« […] mais il admet que « l'UE manque de projet » ; il est de centre-droit, mais a une rue à Gijón de l'instigation des Commissions Ouvrières [syndicat espagnol] ; il est frustré par le gouvernement POPULISTE en Italie, bien qu'il ne le critique pas, mais demande seulement « qu'ils ne fassent pas plus de bêtises » ; mais surtout, il mène la lutte pour la démocratie au Venezuela en Europe et a laissé sa voix pour défendre l'unité de l'Espagne contre le défi séparatiste… »

Alberto D. Prieto, El Español, 28/07/2019.

 

Exemple d’utilisation négative-ironique : “"En Europa se distribuyen sillones a todos menos a la Liga, el partido más votado en Europa porque somos racistas, POPULISTAS, tomamos dinero de Rusia, de Estados Unidos, de África, de Groenlandia", subrayó para dar contexto a su teoría.”

« "En Europe, les sièges sont distribués à tout le monde sauf à la Ligue, le parti le plus voté en Europe, parce que nous sommes racistes, POPULISTES, que nous prenons l’argent de la Russie, des États-Unis, de l'Afrique, du Groenland", a-t-il souligné pour donner un contexte à sa théorie. »

Mattéo Salvini, El País, 11/07/2019.

 

Occurrence positive-ironique, à propos d’un maire espagnol : “Si la campaña dura una semana más saca concejales en Ourense. Fuera de Vigo trascienden los dinosetos, las luces de Navidad, sus estrambóticas actuaciones; dentro, gobierna como un rodillo, con una sofisticadísima mezcla de POPULISMO y experiencia.”

“Si la campagne dure une semaine de plus, il obtiendra des conseillers municipaux à Ourense. À l'extérieur de Vigo, les dinosaures, les illuminations de Noël, ses performances farfelues transcendent ; à l'intérieur, il gouverne comme un rouleau compresseur, avec un mélange très sophistiqué de POPULISME et d'expérience.»

Manuel Jabois, El País, 26/05/2019.

 

Exemple d’usage ambivalent : “"Me di cuenta de que la alfombra roja del comunismo había ocultado problemas como el nacionalismo… La multitud que vi aquel día se me antojó un caballo indomable; intuía que algún político POPULISTA saltaría sobre su lomo y lo espolearía en la dirección que quisiera". Quienes han conocido a Orbán coinciden en su inteligencia, energía, coraje y gran capacidad para detectar lo que la gente quiere escuchar.

« "J'ai compris que le tapis rouge du communisme avait caché des problèmes comme le nationalisme... La foule que j'ai vue ce jour-là m'a fait l'effet d'un cheval indomptable ; je sentais qu'un politicien POPULISTE allait sauter sur son dos et l'aiguiller dans la direction qu'il souhaitait". Ceux qui ont connu Orbán s'accordent à reconnaître son intelligence, son énergie, son courage et sa grande capacité à détecter ce que les gens veulent entendre. »

Szilvia Malik, El País, 24/06/2019.

 

Il faut noter que, pour 80 cas, nous ne sommes pas parvenus à identifier la tonalité parmi les précédentes catégories. Dans notre corpus de presse, populis* a été utilisé plusieurs fois par les journalistes pour qualifier des personnes, des groupes de façon très descriptive, sans plus de commentaires. Cela explique qu’un nombre important d’occurrences n’ont pas pu être codées selon leur tonalité. Voici une illustration d’une occurrence dont nous ne sommes pas parvenus à noter la tonalité :

“Navarra Suma, coalición formada por UPN, PP y Cs, ganó el domingo con claridad al obtener 20 escaños (la mayoría absoluta está en 26). El bloque nacionalista y populista, que forman Geroa Bai (marca blanca del PNV), Bildu, Podemos e Izquierda-Ezkerra se quedó en 19. Los socialistas obtuvieron 11. El PNV está presionando a los socialistas para que impidan que gobierne Navarra Suma.”

« Navarra Suma, une coalition formée par l'UPN, le PP et Ciudadanos, a remporté une nette victoire dimanche, obtenant 20 sièges (la majorité absolue est de 26). Le bloc nationaliste et populiste, formé par Geroa Bai (l'étiquette blanche du PNV), Bildu, Podemos et Izquierda-Ezkerra, a obtenu 19 sièges. Les socialistes en ont obtenu 11. Le PNV fait pression sur les socialistes pour empêcher Navarra Suma de gouverner. »

El Español, 30/05/2019.

 

Les champs conceptuels :

Nous nous sommes intéressés aux champs conceptuels associés aux usages de populis*, c’est-à-dire à quelle pensée, à quelle idée le terme est associé, à travers les autres mots qui apparaissent à proximité ou par le contexte. Dans plusieurs cas, plus d’un champ conceptuel était associé à l’occurrence, nous avons établi le tableau de synthèse ci-dessous qui restitue le nombre de fois qu’un des champs a été identifié :

Champ

conceptuel

Nombre d’occurrences

Exemple

Nationaliste

228

El líder de los populares europeos, Manfred Weber, ha sostenido a través de su cuenta de Twitter que no van a dejar que Europa sea destruida por los "nacionalistas" y "los POPULISTAS de la derecha y la izquierda".”

« Le chef du Parti populaire européen, Manfred Weber, a déclaré sur son compte Twitter qu'ils ne laisseraient pas l'Europe être détruite par les "nationalistes" et les "POPULISTES de droite et de gauche". »

 

Lluís Pellicer & Álvaro Sánchez, El País, 26/05/2019.

Extrémiste

113

“El sectarismo es otro rasgo que define el POPULISMO, tal vez el que más […]”

« Le sectarisme est un autre trait caractéristique du POPULISME, peut-être le plus important […] »

 

Pedro Gómez Carrizo, El Español, 10/04/2019.

Démagogique

71

Es más, el asesor principal de Sánchez hoy en Moncloa llega a afirmar que él es partidario de "utilizar el POPULISMO como técnica electoral", como un camino para lograr la "ruptura de los debates y la exclusión" del contrario. Para Redondo, eso "no es criticable". Porque en su opinión, "lo más importante en cualquier plan de acción es manejar bien el calendario".”

« De plus, le principal conseiller de Sánchez aujourd'hui à la Moncloa va jusqu'à affirmer qu'il est favorable à "l'utilisation du POPULISME comme technique électorale", comme moyen de parvenir à la "rupture des débats et à l'exclusion" de l'opposition. Pour Redondo, cela "n'est pas critiquable". Car selon lui, "le plus important dans tout plan d'action est de bien gérer le calendrier". »

 

Iván Redondo Bacaicoa, El Español, 15/07/2019.

Complotiste

Mensonger

55

“Y añade: "Nuestro cableado neural responde a las emociones más que a los datos. Ese problema ha contribuido a dar lugar a los POPULISMOS y especialmente con el fenómeno de las redes sociales que favorece que la desinformación se expanda de manera peligrosa”.”

« Elle ajoute : "Notre câblage neuronal réagit davantage aux émotions qu'aux données. Ce problème a contribué à donner lieu aux POPULISMES, en particulier avec le phénomène des médias sociaux, qui permet que la désinformation se propage dangereusement". »

 

Susana Martínez-Conde, El País, 27/02/2019.

Autocratique

35

“La lucha contra el autoritarismo POPULISTA no pasa solo por la confrontación de ideas. Pasa, fundamentalmente, por la activación de las instituciones democráticas. Que para eso, para autodefenderse y defendernos, sirven.”

« La lutte contre l'autoritarisme POPULISTE ne passe pas seulement par la confrontation des idées. Elle passe, fondamentalement, par l'activation des institutions démocratiques. Elles sont là pour ça, pour se défendre et nous défendre. »

 

Xavier Vidal-Folch, El País, 07/04/2019.

Anti-élite

17

“La incertidumbre sobre el Brexit y la actitud desconcertante del Gobierno POPULISTA italiano podrían colocar a España, como tercera economía, junto a los grandes. Pero será difícil si no modificamos el artículo 99, referido al nombramiento del presidente del Gobierno, y el 113, sobre la moción de censura.”

« L'incertitude liée au Brexit et l'attitude déconcertante du gouvernement POPULISTE italien pourraient placer l'Espagne, troisième économie, aux côtés des grands acteurs. Mais ce sera difficile si nous ne modifions pas l'article 99, sur la nomination du président du gouvernement, et l'article 113, sur la motion de censure. »

 

Asunción Valdés, El País, 01/07/2019.

Fondé sur le peuple

14

“Los representantes dejan de tener la relevancia que tenían, puesto que todo se fundamenta en un vínculo directo entre el líder y el pueblo. Es decir, las olas POPULISTAS acaban defendiendo que sólo la ciudadanía puede controlar a sus dirigentes sin necesidad de órganos interpuestos o de representación, lo que elimina los controles horizontales [los checks and balances o pesos y contrapesos].”

« Les représentants n'ont plus la pertinence qu'ils avaient auparavant, puisque tout est basé sur un lien direct entre le dirigeant et le peuple. En d'autres termes, les vagues POPULISTES finissent par défendre l'idée que seuls les citoyens peuvent contrôler leurs dirigeants sans avoir besoin d'organes interposés ou de représentation, ce qui élimine les contrôles horizontaux [checks and balances]. »

 

Ignacio Urquizu, El País, 01/04/2019.

Tradition

9

“La tentación nacional populista por excelencia: culpar a los rivales políticos de traición a la patria. Rivera debe elegir entre el programa de Garicano y la foto de Colón. Porque, parafraseando a Solzhenitsin, la línea que divide el liberalismo del POPULISMO no pasa entre Estados ni entre ideologías, sino que atraviesa el corazón de cada partido.”

« La tentation nationale populiste par excellence : accuser les rivaux politiques de trahison à la patrie. Rivera doit choisir entre le programme de Garicano et la photo de Colomb. Car, pour paraphraser Soljenitsine, la ligne qui sépare le libéralisme du POPULISME ne passe pas entre les États ou les idéologies, mais traverse le cœur de chaque parti. »

 

Víctor Lapuente, El País, 25/02/2019.

Populaire

5

“Sin embargo, sigue presentándose como una suerte de "mal menor", necesario ante el riesgo de que una Italia POPULISTA pierda aún más su proptagonismo como miembro fundador de la Unión Europea.”

"Pourtant, [Berlusconi] continue de se présenter comme une sorte de "moindre mal", nécessaire face au risque qu'une Italie POPULISTE perde encore plus son protagonisme comme membre fondateur de l'Union européenne. »

 

Manuel Tori, El País, 18/05/2019.


Le champ nationaliste est donc le plus présent (228). Arrivent ensuite les champs extrémiste (113), démagogique (71), et complotiste-mensonger (55). Moins représentés sont le côté autocratique (35), anti-élite (17), fondé sur le peuple (14), tradition (9) et populaire (5). Pour 106 cas, nous ne sommes pas parvenus à associer l’un de nos champs conceptuels, cela pouvant s’expliquer, comme précédemment, par le fait que beaucoup d’emplois du mot par les journalistes sont très descriptifs, il est difficile donc d’y associer un de ces champs.

 

La fonction associée à l’utilisation de populis* :


En utilisant populis*, les locuteurs cherchent à faire plusieurs choses que nous présentons dans le graphique suivant :


Populis* a eu trois fonctions principales : émettre une préoccupation (199), décrire (149), ou critiquer une personne ou un groupe (106).

 

Exemple d’utilisation à des fins de description : “La incertidumbre sobre el Brexit y la actitud desconcertante del Gobierno POPULISTA italiano podrían colocar a España, como tercera economía, junto a los grandes.”

« L'incertitude liée au Brexit et l'attitude déconcertante du gouvernement POPULISTE italien pourraient placer l'Espagne, en tant que troisième économie, aux côtés des grands acteurs. »

Asunción Valdés, El País, 01/07/2019.

 

Exemple d’expression d’une préoccupation : “Será después de que este miércoles comparezca en Estrasburgo (Francia) ante el Pleno del Parlamento Europeo, ante el que defenderá en un discurso el proyecto europeo frente a las ideologías que lo amenazan, como los nacionalismos excluyentes y los POPULISMOS. La intervención de Sánchez se enmarca en una serie de debates sobre el futuro de la UE en la que ya han participado otros líderes europeos, como Macron o Merkel.”

« Ce sera après que ce mercredi il ait comparu à Strasbourg (France) à la Session plénière du Parlement Européen, où il défendra dans un discours le projet européen contre les idéologies qui le menacent, telles que les nationalismes d'exclusion et les POPULISMES. Le discours de Sánchez s’inscrit dans une série de débats sur l'avenir de l'UE à laquelle ont déjà participé d'autres dirigeants européens, tels que M. Macron et Mme Merkel. »

Clara Pinar, 20 Minutos, 15/01/2019.

 

Plus rarement, populis* a été utilisé pour critiquer une action isolée (34), à des fins de légitimation par opposition (29), de dénégation (6), ou d’auto-légitimation (5).

 

Exemple d’utilisation pour une légitimation par opposition : “"El populismo y el separatismo se están preparando para pactar", avisa en alusión a un supuesto acuerdo entre Ada Colau y Ernest Maragall Bajo el epígrafe Una ciudad segura.”

« "Le populisme et le séparatisme se préparent à faire un pacte", a-t-il averti, faisant allusion à un supposé accord entre Ada Colau et Ernest Maragall sous le titre de Una ciudad segura. »

Manuel Valls, El País, 02/05/2019.

 

Exemple de dénégation : “"Y esto no es una definición teórica, sino que tiene que ver con una experiencia de democratización histórica que surge sobre todo luego de la Segunda Guerra Mundial y va llegando a otros países. No hay dictadores populistas. Cuando deja de haber elecciones reales, deberíamos hablar de dictadura, no de populismo", explica en una entrevista Finchelstein (Buenos Aires, 1975).”

« "Ceci n’est pas d'une définition théorique, mais une expérience de démocratisation historique qui a vu le jour surtout après la Seconde Guerre mondiale et qui s'est étendue à d'autres pays. Il n'y a pas de dictateurs populistes. Lorsqu'il n'y a plus de véritables élections, il faut parler de dictature et non de populisme", explique Finchelstein dans une interview (Buenos Aires, 1975). »

Federico Finchelstein, El País, 27/06/2019.

 

Exemple d’utilisation pour une auto-légitimation : “Es más, el asesor principal de Sánchez hoy en Moncloa llega a afirmar que él es partidario de "utilizar el POPULISMO como técnica electoral", como un camino para lograr la "ruptura de los debates y la exclusión" del contrario.”

« De plus, le principal conseiller de Sánchez aujourd'hui à la Moncloa va jusqu'à affirmer qu'il est favorable à "l'utilisation du POPULISME comme technique électorale", comme moyen de parvenir à la "rupture des débats et à l'exclusion" de l'opposition. »

Iván Redondo Bacaicoa, El Español, 15/07/2019.

 

Les cibles du mot :

Nous avons pu identifier la cible de l’usage populis* dans 188 cas sur 521 (les autres occurrences étant trop ambiguës par rapport à une éventuelle cible visée). Le tableau suivant présente les personnes et groupes les plus visés (plus de 6 occurrences), pour enfin restituer les 11 cibles principales des mots populis* :

Les cibles sont principalement des partis et personnalités politiques espagnoles. Si l’on inclut Pedro Sánchez, le PSOE est le plus ciblé, c’est sinon Vox en tête (26), puis Ciudadanos (17). Les dirigeants internationaux ne sont pas en reste avec Matteo Salvini et Donald Trump (15 chacun). Et pour clore les cibles des partis espagnols, le Partido Popular (12) et Podemos (11) furent moins visés que leurs confrères dans ce classement. D’autres personnalités politiques internationales complètent le tableau, avec Jair Bolsonaro, Marine Le Pen et Boris Johnson.

 

Pour conclure :

 

Cette synthèse de l’utilisation du terme populis* nous offre une vision générale de son usage au sein de la presse espagnole en 2019. On peut en retenir que les journalistes sont les principaux⸱ales utilisateurs⸱rices de populis*, devant les femmes et hommes politiques, ou les expert⸱e⸱s. Populis* est utilisé presque une fois sur deux de façon auto-référentielle, avait pour objet principalement des individus ou des groupes dans les autres cas. Son sens semble être évident pour les locuteurs⸱rices, et surtout négatif. Le champ conceptuel qui y est le plus associé est le nationalisme. Suivent les champs extrémistes, démagogiques, tandis que les côtés populaires ou traditionnels sont bien moins représentés. L’usage qui est fait de populis* dans la presse espagnole reflète surtout une préoccupation ou une description, il sert aussi beaucoup à critiquer une personne ou un groupe. L’expression n’est quasiment jamais utilisée à des fins d’auto-légitimation ou de dénégation. Enfin, lorsque la cible de populis* a pu être identifiée, il s’agissait essentiellement de Vox et le PSOE en tête avec Pedro Sanchez. Des personnalités internationales complètent le tableau : Donald Trump, Matteo Salvini, Bolsonaro, Marine le Pen. Bien sûr, comme ces résultats proviennent d’analyses brutes et qu’elles proviennent d’une sélection d’articles, il convient de rappeler qu’elles ne prennent pas en compte le nombre et la longueur des interventions de chaque personne ou groupe.

 

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